Le SPPT

Voici la description du SPPT - Sémiologie Persistante Polymorphe après morsure de Tique) que l’on peut retrouver dans le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique :

« Il s’avère qu’un certain nombre de patients se plaignent de symptômes cliniques très polymorphes, dans les mois ou les années qui suivent une morsure de tique, et qu’ils ressentent comme invalidants et pour lesquels le diagnostic peut s’avérer difficile. Du fait d’antécédents de morsures de tiques, il est fréquent d’évoquer une maladie de Lyme, mais dans un grand nombre de cas, il n’est pas possible de faire la preuve de cette borréliose, ni par PCR ni par sérologie bactérienne. Les symptômes étant pour la plupart subjectifs, l’interrogatoire détaillé d’un médecin averti est primordial. On dénombre environ soixante-dix symptômes possibles.

Le médecin doit faire la part, entre les symptômes peu spécifiques (céphalées, lombalgies, sensation de palpitations, oppression thoracique, dysesthésies…) et les symptômes plus évocateurs (troubles neurologiques atypiques, hallucinoses, troubles cognitifs, sueurs nocturnes, arthralgies migratrices, myoclonies, fasciculations, crampes nocturnes, otalgies fugaces unilatérales, prurit sine materia…). Il s’efforcera de faire apparaître des facteurs de risque d’exposition à une morsure de tiques, en associant par exemple la profession, le lieu de vie, l’épidémiologie locale ou régionale, ainsi que la notion de présence ou non de tiques infectées par un ou plusieurs agents pathogènes.

Les symptômes sont présents depuis plus de six mois, suggérant la chronicité, et ils sont pluri-hebdomadaires. Ils peuvent apparaître dans les semaines ou les mois suivant la morsure de tique, se révélant à l’occasion d’un épisode infectieux intercurrent ou un stress prolongé voire d’un choc psychologique. Certains de ces symptômes peuvent être intermittents, mais toujours avec une récurrence pluri-hebdomadaire. L’asthénie est constante, globale, souvent profonde, avec un sommeil non réparateur associée à une irritabilité, une anxiété exacerbée, une labilité émotionnelle avec risque de dépression secondaire. On retrouve des troubles de la concentration, de l’attention, une sensation de brouillard cérébral, une lenteur d’idéation, des troubles mnésiques notamment antérogrades avec un manque du mot. Une composante algique est présente avec des arthralgies diffuses, typiquement migratrices d’une articulation périphérique à une autre, des cervicalgies, dorsalgies ou lombalgies quotidiennes, des myalgies (données non publiées du groupe de travail). Un tableau neurologique est souvent observé avec des douleurs neuropathiques (brûlures, décharges électriques, pesanteur), des dysesthésies non systématisées, des céphalées, souvent en étau, des troubles de l’équilibre avec sensation vertigineuse, une fatigabilité musculaire, des fasciculations, des crampes surtout nocturnes mais aussi des troubles neuro-sensoriels avec lâchage d’objet, maladresse, une hyperpathie, une photophobie, une hallucinose, ou des troubles olfactifs. Une atteinte ORL avec une gêne pharyngée chronique, des otalgies intenses et fugaces, unilatérales, des acouphènes intermittents, une toux sèche quotidienne et ophtalmologique (flou visuel, diplopie, phosphènes, conjonctivites) sont aussi fréquemment constatées (données non publiées du groupe de travail). Enfin, on note une participation digestive (douleurs abdominales, troubles du transit, dyspepsie), cardio-vasculaire (lipothymies positionnelles, acrosyndrome, précordialgies fugaces), cutanée (prurit, rash, ecchymoses spontanées), urinaire (pollakiurie, nycturie, dysurie), la présence d’adénopathies cervicales, axillaires voire mésentériques (données non publiées du groupe de travail)».