Malades de Lyme - Des centres de compétence

Deux pôles médicaux en Picardie deviennent centres de compétence pour la maladie de Lyme, une infection transmise par les tiques. Objectifs : mieux prendre en charge les patients et approfondir des connaissances encore insuffisantes.

Les faits

– En 2018, 67 000 nouveaux cas de maladies de Lyme ont été signalés selon Santé Publique France et le Réseau Sentinelles.
– En 2016, le gouvernement lance un plan national de prévention et de lutte contre la maladie de Lyme.
– 5 centres de référence interrégionaux ont été nommés pour améliorer la coordination et la recherche sur ces maladies. Le plus proche est à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).
– Des centres de compétence à l’échelle locale, travaillant en lien avec les centres de référence, doivent permettre une meilleure prise en charge des malades.

C’est un dispositif qui doit permettre aux malades de Lyme de mettre fin à leur errance médicale. L’agence régionale de santé vient de nommer deux centres de compétence dans les Hauts-de-France pour les maladies vectorielles à tiques : le service des pathologies infectieuses du CHU d’Amiens-Picardie et l’hôpital de jour Lyme de la polyclinique Saint-Côme à Compiègne.

La maladie de Lyme est une infection transmise par une morsure de tique, porteuse d’une bactérie de type Borrelia. Elle se manifeste d’abord par une auréole rouge autour de la piqûre, puis par des douleurs articulaires ou des troubles neurocognitifs. Elle peut notamment engendrer des paralysies faciales ou des difficultés à marcher.

Améliorer le diagnostic

L’objectif de ces centres est double : produire des recherches sur cette maladie encore largement méconnue et prendre en charge des patients qui se sentent abandonnés. Du côté des connaissances, « il faut améliorer les tests de diagnostic », explique le professeur Jean-Luc Schmit, membre du centre de compétence du CHU d’Amiens. « Les tests contrôlent les anticorps produits suite à une morsure de tique ». Problème selon lui, les anticorps restant dans le corps même après un traitement réussi, le test restera toujours positif. D’autre part, le test ne parvient pas à détecter la maladie chez les individus dont la bactérie est présente sous une forme différente de celle cultivée en laboratoire.

Mettre fin au rejet des patients

« Le centre de compétence est dédié aux cas complexes », ajoute le professeur. Il s’adresse surtout aux personnes en situation de post-Lyme, traitées mais présentant des séquelles, et aux patients atteints de Lyme chronique qui ne parviennent pas à se débarrasser de la bactérie. « Il ne faut pas les rejeter », assure le Jean-Luc Schmit. Le centre réalise des bilans pour s’assurer que le patient n’est pas atteint d’une autre maladie. Si aucune autre pathologie n’est détectée, il rassemble des spécialistes (rhumatologue, neurologue, kinésithérapeute, infectiologue) qui traitent ensemble les symptômes. « Il faut essayer que les patients puissent vivre avec ces douleurs en attendant qu’on trouve des tests plus performants et de nouveaux traitements  ».

Élodie Journa, fait partie des patients au parcours compliqué. Avant d’être diagnostiquée Lyme chronique en 2016, elle a multiplié les consultations chez les généralistes et les spécialistes sans succès. Elle sort de sa consultation avec le professeur Schmit peu convaincue : « Pour lui, il faut que j’attende que la science avance ». Elle se réjouit cependant que la polyclinique St-Côme de Compiègne, où elle est déjà suivie, soit reconnue centre de compétence. « Je peux être soignée près de chez moi », lance l’Oisienne, soulagée. Selon elle, les traitements qu’elle y reçoit, alternant antibiotiques et homéopathie, lui permettent d’éviter les rechutes.

Alice Galopin

Les bons gestes face aux tiques

53 % des piqûres se sont produites en forêt, selon les signalements recensés par le programme de recherche Citique.fr entre juillet 2017 et septembre 2018. Durant les promenades en forêt, la vigilance est de mise. Avant toute sortie, il est important de se couvrir les bras et les jambes pour minimiser le risque de piqûre. Au retour de la balade, une inspection de la tête au pied pour détecter les tiques est indispensable. Pensez à faire de même avec vos animaux domestiques.

En cas de morsure, l’acarien peut être retiré à l’aide d’un tire-tique. Surveillez l’apparition de symptômes et consultez un médecin ou un pharmacien. Selon l’institut national de la recherche agronomique, la probabilité de tomber malade après une piqûre de tique infectée est de 6 %, un risque qui diminue si la tique est ôtée dans les 24 heures après la piqûre.


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