Fréquence et localisation de l'encéphalite à tiques en France

Parmi les pathogènes susceptibles de nous être transmis par les tiques, il y a bien entendu la bactérie Borrelia, responsable de la borréliose de Lyme, ainsi que des pathogènes co-infectants, qu'ils soient bactériens (Anaplasma) ou parasitaires (Babesia). Il y a en outre un virus potentiellement redoutable, TBEV (Tick-borne encephalitis virus), lui aussi transmissible par des tiques.

Bien qu'une infection par TBEV puisse rester asymptomatique, des méningites ou des encéphalites ont été couramment observées, avec  des symptômes comme une ataxie, une diplopie, une paralysie faciale, une perte d’audition unilatérale ou une parésie unilatérale d’un membre. Ces symptômes sont généralement (mais pas toujours) transitoires. Une issue fatale est rare.

Pour plus de détails, voir https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/2021/cours-automne-2021-encephalites-a-tiques-a-maille.pdf

En résumé, l'infection symptomatique par TBEV est rare, mais peut être grave.

Quel est le risque d'être infecté par TEBV en France ? Les chiffres officiels du rapport ECDC 2021, sur des données de 2019 étaient les suivants (nombre de cas /an) :

Rép. Tchèque N=773
Lituanie N=711
Allemagne N=445
Suède N=355
Suisse: 262 en 2019, 455 en 2020
France N=4

 

Le chiffre étonnamment bas de la prévalence en France apparaissait peu crédible. Les résultats d'une grande enquête épidémiologique vient d'être rendue publique par Santé Publique France.

https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/encephalite-a-tiques-en-france-premier-bilan-des-cas-recenses-par-la-declaration-obligatoire-entre-2021-et-2023

 

Elle donne le nombre de cas plus solidement documentés en France : 30 en 2021, 36 en 2022. Sur ces deux années, 94% des personnes reconnues infectées ont été hospitalisées, mais aucune n’était décédée au moment de la déclaration.

Le document de SPF donne la carte des zones où les cas ont été rapportés (en rose, zones connues, en rouge, nouvelles zones, taille du disque reflétant le nombre de cas).

Un point surprenant, c'est que les infections humaines par TBEV ne sont pas toujours la conséquence d'une piqûre de tique. Au printemps 2020, une quarantaine de cas d'infections à TBEV, provoquant méningites lymphocytaires, encéphalites ou syndromes grippaux, ont été recensés autour de la ville d'Oyonnax, dans l'Ain. Dans la quasi-totalité des cas, l'infection par TBEV n'était pas provoquée par une piqûre de tique, mais par la consommation de fromage de chèvre au lait cru.

Le risque d'infection par TEBV reste donc bien inférieur en France, par rapport à l'Europe de l'Est et du Nord, mais ce risque est moins négligeable que ce que l'on pensait. Et il pourrait bien évoluer à la hausse.